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Marc Elder (1884–1933)

Autor(a) de Le Peuple de la mer

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Obras por Marc Elder

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Conhecimento Comum

Nome canónico
Elder, Marc
Data de nascimento
1884-10-31
Data de falecimento
1933-08-16
Sexo
male
Nacionalidade
France
País (no mapa)
France
Local de nascimento
Nantes, Loire-Atlantique, Pays de la Loire, France
Local de falecimento
Saint-Fiacre-sur-Maine, France

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Críticas

Chaque matin, en quittant son lit, Coët sortait juger le temps, selon la coutume des gens de mer. Il faisait quelques pas sur la dune basse où sèchent la salicorne et le chardon bleu, parmi un jonc court et dru qui pique les mollets.
Devant lui s’arrondissait la plage sur laquelle le jusant abandonnait des lianes en guirlandes vertes et des méduses d’opale affaissées sur leur chevelure. Des tas de goémons pour l’engrais, deux bouées galeuses, quelques centaines de casiers blanchis allaient à la file, jusqu’à la cale qui monte doucement, vers la remise du bateau de sauvetage. Puis la jetée haute et puissante avançait de cinq cents mètres dans la mer, comme un bras protecteur, devant les barques claires mouillées près à près sur leur corps mort.
Tout brillait au soleil jeune qui s’enlevait là-bas, de l’autre côté de la baie : le sable, le granit, l’océan, les balises et les tours qui marquent les rochers du large, et la terre, comme une ligne de métal à l’horizon. C’était un paysage de lumière, limpide, frais, sous un ciel blanc, insondable, balayé d’une légère brise d’est qui sentait l’iode et le sel.
Près de la cabane du gabelou, le brigadier Bernard amorçait des lignes. Les hommes descendaient du village, parcouraient la jetée à grand bruit de galoches, embarquaient dans les canots. Ils parlaient peu. On entendait surtout sonner le bois, battre l’eau, grincer les chaînes et crier les poulies à l’appareillage.
Les sloops sortaient un à un, dressant haut dans l’air lumineux leurs voiles rousses, bleues ou jaunes, cambrant leur coque grise, largement ceinturée de vert ou d’écarlate.
Et sitôt la jetée doublée, les voilures déployées au vent arrière, ils couraient vers l’horizon en emportant du soleil.
(p. 15, Chapitre 2, Partie 1, “La Barque”).

En voyant le titre de ce roman récemment mis à disposition par les éditions ÉFÉLÉ, je me suis laissée tenter sans rien savoir sur ce livre, juste parce qu’avec un tel titre, c’était une lecture à mettre de côté pour un jour où j’aurais été en manque d’air salé. Ce n’est que peu avant de commencer ma lecture que j’ai appris que j’avais entre les mains le livre qui avait obtenu le prix Goncourt en 1913, année que l’on cite en général comme l’archétype des aveuglements de ce jury littéraire, puisque le lauréat est tombé dans l’oubli alors qu’il était en lice avec des romans qui ont fait date, Du côté de chez Swann de Proust et Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier.
Je n’ai pas lu Proust et je n’ai pas un souvenir impérissable du Grand Meaulnes, et puis de toute façon je ne suis pas amatrice de Goncourt en général, donc cette polémique littéraire m’intéresse peu, mais je tiens probablement à mon snobisme à rebrousse poil, car je suis contente de dire que moi j’ai plutôt bien aimé ce livre.

Certes, c’est (ce n’est qu’) un roman de terroir, qui se passe à Noirmoutier parmi les pêcheurs de l’Herbaudière, ou plus exactement trois épisodes indépendants ayant pour cadre ce port et ses habitants. Mais je n’ai pas boudé mon plaisir. Les trois nouvelles mettent en scène des aspects différents de la vie des ports de pêche, et sont émaillés de petits éléments concrets qui donnent une couleur d’authenticité au récit. J’ai par exemple appris que les vareuses de ces pique-assiettes de Bretons venant pêcher dans les eaux au large de Noirmoutier étaient ocres (de même que leurs voiles), et que c’est à cela qu’on pouvait les identifier avant même qu’ils ne se mettent à parler leur langue incompréhensible (et les tabasser au passage pour les empêcher de venir casser les prix de vente du poisson aux conserveries locales), puisque les vareuses des Noirmoutrins étaient bleues.
J’ai aimé ces histoires, relativement classiques pour un roman de terroir, mais auxquelles Marc Elder donne un relief particulier. La première, « La Barque », parle de la rivalité, parfois jusqu’à l’absurde, entre bateaux, et est probablement la plus originale des trois nouvelles. La seconde, « La Femme » est un classique triangle amoureux, à mon avis la partie la moins intéressante du livre, car le huis-clos de l’île et du phare ne sont guère exploités (je n’ai pu m’empêcher de penser au film L’Equipier de Philippe Lioret, à tort probablement). Enfin, la troisième, « La Mer » est la description de la fascination irraisonnée pour l’océan, un classique, une partie prévisible, mais que Marc Elder écrit avec beaucoup de subtilité et, m’a-t-il semblé, de justesse. J’ai suivi le débat intérieur de P’tit Pierre comme s’il était le mien, partagée entre l’envie de monter à bord et celle de rester sur le quai.
Marc Elder sait sans contexte décrire la relation ambivalente à la mer, nourricière et faucheuse, proche et lointaine, et il a de plus une bien jolie plume pour décrire les paysages et les ciels. Alors je ne boude pas mon plaisir, ce fut une très agréable lecture, qui m’a déposé un goût d’iode sur les lèvres, alors que la distance qui me sépare de la mer d’Iroise me pèse de plus en plus, et que je ne sais quand je pourrai revoir ces vagues qui me sont chères. J’ai, au moins par la lecture, pu passer quelques jours de mes vacances sur les rivages de l’Atlantique, avec ses temps changeants et sa houle. J’étais sur ces bateaux avec ces hommes et sur la jetée dans la brume avec ces femmes, ambivalence de la mer, tout ce qu’elle offre et tout ce qu’elle prend. « Il y a trop de luttes dans la vie des marins pour qu’ils puissent se séparer jamais de la grande Ennemie, qu’ils aiment à cause de ses ruses et de ses furies même, autant que pour sa coquetterie câline, et ses romances nostalgiques. Ils vieillissent par là sur ses bords, traînent à la plage ou sur le port leurs rhumatismes noueux, parlent d’elle et la couvent des yeux, en buvant à son souffle pour achever de vivre. » (p. 118, Chapitre 1, Partie 3, “La mer”).
… (mais)
 
Assinalado
raton-liseur | Sep 11, 2013 |

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