Michel Hellman

C'est un sans-texte immense, en noir et blanc, un récit de politique graphique aux limites de la littérature. La métaphore de la page blanche, son désarroi créatif, est appliquée au grand Nord. Mais la page blanche initiale est noire, et tout est alors possible : On peut tout inventer, tout créer dans le néant primordial, ce rien d'existence. Puis les glaces et le vocabulaire formel de la nordicité révèlent des craques, des failles, des blessures, celles imprimés par des conquérants blancs, mais pas blancs comme neige.

Les dessins magnifiques d'Hellman sont fabriqués avec des sac-poubelles, et cette tension entre l'oeuvre et l'artefact qui sert à former celle-ci répercute cette autre tension entre les promesses de développements utopiques et l'impact réel des interventions sur la nature et la culture nordique. Ce trop plein de projets hydroélectriques créent-ils de la lumière ou du néant ? Écrivent-ils, ces projets, une page plus noire que celle qui ouvrait le récit d'Hellman ? Ici rien ne semble plus possible : Le petit guide du Plan Nord devient un immense sans-texte sur le non-sens. La cartographie d'une terre (de glace) brûlée.

Par un auteur du Mile End.… (mais)