Jonathan Green, dans sa deuxième oeuvre, nous emmène au royaume d'Ocrandie (aussi connu sous le nom de royaume-qui-change-de-nom-entre-deux-traducteurs). Cette fois-ci, vous incarnez un templier de Télak, un preux chevalier qui devra combattre un ennemi maléfique qui est revenu d'entre les morts.

Si le prétexte est peu original, le reste du scénario est plus réussi. C'est l'occasion d'un voyage à travers l'Ocrandie en proie à de multiples fléaux, et de découvrir le pays via des aventures diverses (apaisement d'une foule en colère galavanisée par trois prophètes au rôle aussi court que mémorable, terrassage de monstres, lutte contre une secte maléfique, bataille contre une armée d'hommes-bêtes, siège d'une cité... liste non exhaustive). Les amateurs d'ambiance sombre seront satisfaits : l'auteur réussit à en installer une de toute beauté.

D'un point de vue ludique, la qualité est également au rendez-vous : en plus des aventures croustillantes que j'ai mentionnées plus haut, vous aurez le plaisir de constater que votre sens de l'observation et votre cervelle seront sollicités pour pouvoir localiser l'arme dont dépend la victoire (conseil : n'oubliez pas de regarder les illustrations). L'intérêt est aussi renforcé par l'ajout de compétences spéciales à choisir en début d'aventure.

Maintenant, passons au talon d'Achille de l'oeuvre : la jouabilité.

Comme dans le Sépulcre, l'auteur ajoute une caractéristique additionnelle : l'Honneur, censé récompenser vos hauts faits et punir vos bassesses. Mais il l'utilise différemment : ici, cette caractéristique sert principalement à obliger le héros à gagner tous les points possibles, et à ne pas en perdre un seul, sous peine de se voir juger indigne de manier la seule arme qui peut terrasser le boss final. Le Sépulcre exigeait qu'on récolte une quantité étonnante d'objets, ici, on a une quantité ahurissante de hauts faits à accomplir. Dans les deux cas, c'est un one-true-path sadique (mais les Chevaliers du Destin sont plus prenants; on se lasse moins vite).

Comme dans le Sépulcre, il faudra de la chance aux dés pour arriver au bout, car les adversaires coriaces sont légion et pourrait fort bien vous avoir à l'usure, même si vous vous procurez les pièces d'armure qui vous permettront de limiter les dégâts. Et si vous avez tiré les caractéristiques maximales, ne vous réjouissez pas trop vite : à un moment donné il faut échouer (oui, échouer) à un test d'habileté pour obtenir un renseignement indispensable; vous avez donc le choix entre avoir peu de chances de l'obtenir et peu de chances de survivre à vos ennemis. Moralité, il faut être très chanceux ou tricheur pour atteindre le 400.

En bref : Jonathan Green confirme son énorme potentiel, mais aussi mon opinion qu'il ne joue pas à ses propres aventures. ( )