> RÉSUMÉ. — Depuis l’extraordinaire randonnée à bicyclette qu’accomplit André Migot en 1938 de Paris à Calcutta, l'Asie et la mystique bouddhique ne cessèrent de le hanter. Pendant toute l’occupation, poursuivant ses activités de médecin et ses études d’Histoire des religions et particulièrement de philosophie et de philologie bouddhiques, il rêvait du Tibet. Il fut sans doute l’un des derniers européens à y séjourner aussi longtemps. Entre décembre 1946 et juillet 1949, il passera trente mois au Tibet, parcourant le pays en caravane, soignant les Tibétains, apprenant leur langue, vivant dans des lamaseries, échouant à la Porte de Lhassa, réussissant enfin, en pleine révolution chinoise, à rejoindre Hong Kong, chargé de 20 caisses de manuscrits et de documents tibétains.
L’apport d’André Migot à la connaissance du bouddhisme tibétain, ses amis R.L. Stein, Gabriel Monod-Herzen l'ont éloquemment évoqué dans leurs préfaces, après Alexandra David Neel qu’il avait bien connue.
Jusqu’à la fin de sa vie, André Migot devait garder la nostalgie de la montagne tibétaine, du grand désert d'herbe, des ermitages perchés où il acquit une extraordinaire connaissance des mystères de la pensée bouddhique, mais aussi une nostalgie de cette civilisation rude et belle (malgré son archaïsme et son étrangeté), et la nostalgie aussi du rire des Tibétaines.